Main navigation French

Canadian Public Health Association

Changements climatiques et maladies à transmission vectorielle

Catherine Hierlihy

Le climat de la Terre change, ce qui a des effets bien attestés sur la santé. Mais on sait moins quel sera l’effet de ces changements sur les risques de maladies à transmission vectorielle . Les insectes, vecteurs de nombreuses maladies, dépendent de la constance du climat pour leur survie, leur reproduction et leur développement. Les changements dans les températures, les précipitations et l’humidité peuvent modifier leur répartition et potentiellement accroître les risques de transmission des maladies. C’est pourquoi on pourrait envisager le recours à la surveillance antivectorielle pour la surveillance des maladies. 

La fièvre du Nil occidental et la maladie de Lyme sont deux maladies à transmission vectorielle bien connues au Canada. Le virus du Nil occidental, transmis par les moustiques du genre Culex, s’est introduit au Canada en 2001. Le nombre annuel de cas de fièvre du Nil occidental varie; on croit qu’une partie de cette variation est liée aux fluctuations des températures et des précipitations (C.C. Chen, E. Jenkins, T. Epp et coll., 2013). La prévalence de la maladie de Lyme est liée à la croissance des populations de son vecteur, la tique à pattes noires (également appelée tique du chevreuil). On croit que l’expansion vers le nord de la zone géographique de cette tique est liée à la hausse des températures (N.H. Ogden, L. Trudel, H. Artsob et coll., 2006). On s’attend à une hausse de l’incidence des deux maladies en raison de l’expansion géographique de la zone de leurs vecteurs avec les changements climatiques.

L’expansion de la zone de la tique à pattes noires préoccupe aussi les autorités car cette tique transmet d’autres agents pathogènes. Le virus de Powassan est endémique au Canada; il peut causer l’encéphalite, la méningite et des altérations neurologiques permanentes, mais dans bien des cas, il est asymptomatique. Les cas déclarés sont rares, bien qu’on relève une augmentation récente de leur nombre dans le Nord-Est et la région des Grands Lacs des États-Unis (CDC, 2017). Cette augmentation a poussé les autorités canadiennes à rehausser la surveillance, car il y a maintenant une possibilité d’en observer davantage de cas au Canada.

Les changements climatiques ouvrent aussi la possibilité à de nouveaux vecteurs de s’établir. Le moustique tigre, vecteur de la dengue, de la fièvre Zika, de la fièvre jaune et de la fièvre à virus Chikungunya, se rencontre actuellement jusqu’au Nord-Est des États-Unis, sa progression vers le nord étant limitée par les températures hivernales (S. Thomas, U. Obermayr, D. Fischer et coll., 2012). Les changements climatiques pourraient mener à l’expansion de l’espèce jusqu’au Canada, ce qui pourrait entraîner la transmission locale de ces virus. À l’heure actuelle, les seuls cas relevés sont ceux de voyageurs qui ont pu entrer en contact avec le vecteur en visitant un pays où il est endémique. Le moustique est aussi porteur du virus La Crosse (R.R. Gerhardt, K.L. Gottfried, C.S. Apperson et coll., 2001), principale cause de l’encéphalite virale chez les enfants aux États-Unis. C’est la deuxième maladie transmise par des moustiques la plus souvent déclarée en Amérique du Nord, après la fièvre du Nil occidental. Le virus se rencontre dans l’Est des États-Unis; on n’en a déclaré aucun cas au Canada, mais il pourrait devenir un problème avec l’expansion continue de son vecteur vers le nord.
 


* Les maladies à transmission vectorielle sont propagées entre leurs hôtes humains ou animaux par des arthropodes, habituellement des insectes. Une définition élargie des maladies à transmission vectorielle reconnaît que d’autres animaux peuvent être des vecteurs de maladies infectieuses en hébergeant des agents pathogènes qui ne causent des maladies que dans les populations réceptives.

  1. Ogden, N.H., Trudel, L., Artsob, H., Barker, I.K., Beauchamp, G., Charron, et al. Ixodes scapularis ticks collected by passive surveillance in Canada: analysis of geographic distribution and infection with Lyme Borreliosis agent Borrelia burgdorferi. J Med Entomol, 2006;43:600–609.
  2. Chen CC, Jenkins E, Epp T, Waldner C, Curry PS, Soos C. Climate change and West Nile virus in a highly endemic region of North America. Int J Environ Res Public Health 2013;10:3052–3071.
  3. CDC. Powassan virus. Repéré le 13 février 2017 à https://www.cdc.gov/powassan/statistics.html.
  4. Thomas S, Obermayr U, Fischer D, Kreyling J, Beierkuhnlein C. Low-temperature threshold for egg survival of a post-diapause and non-diapause European aedine strain, Aedes albopictus (Diptera: Culicidae). Parasit Vectors, 2012; 5: 100.
  5. Gerhardt R.R., Gottfried K.L., Apperson C.S., Davis B.S., Erwin P.C., Smith A.B., et al. First isolation of La Crosse virus from naturally infected Aedes albopictus. Emerg Infec Dis. 2001;7(5):807-811

Retour au blogue


Post a comment

Restricted HTML

  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Lines and paragraphs break automatically.
  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.