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Canadian Public Health Association

Les rénovations de bâtiments - fiche d'information

Investir dans les rénovations de bâtiments pour des collectivités saines, vertes et équitables

Nous passons près de 90 % de notre temps à l’intérieur : dans nos maisons, nos écoles, nos bureaux et nos milieux de travail. La consommation de combustibles fossiles pour réchauffer et rafraîchir les espaces intérieurs produit des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui contribuent au changement climatique et à la pollution atmosphérique. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments améliore aussi la santé humaine en réduisant la pollution atmosphérique et les incidences climatologiques qui résultent de l’utilisation des combustibles fossiles. Des gains d’efficience peuvent aussi produire une meilleure qualité de l’air à l’intérieur et protéger les gens contre le froid et la chaleur extrême.

Un ambitieux programme de rénovation des bâtiments existants est essentiel si nous voulons arrêter le réchauffement planétaire. Les investissements promis par le gouvernement fédéral pour relancer l’économie après la pandémie de COVID-19 seront l’occasion de favoriser l’abandon des combustibles fossiles, de bâtir des collectivités plus résilientes, d’améliorer la santé et de réduire les inégalités en santé.

Le changement climatique nuit déjà à la santé des Canadiens

La santé physique et mentale des Canadiens est déjà mise à mal par le changement climatique. Dans différentes régions du pays, le changement climatique a augmenté la fréquence et l’intensité des inondations, des feux de forêt, des ouragans, des tempêtes de verglas et des vagues de chaleur au cours des dernières décennies. Ces événements ont exposé des millions de gens à des niveaux extrêmement élevés de pollution atmosphérique toxique, forcé des centaines de milliers de Canadiens à évacuer leurs maisons et privé d’électricité des centaines de milliers de personnes pendant de longues périodes. Le changement climatique est également responsable de la fonte du pergélisol dans le Grand Nord, de l’élévation du niveau de la mer sur trois littoraux et de l’élargissement de l’éventail de maladies à transmission vectorielle telles que la maladie de Lyme.

Bien que le changement climatique touche tout le monde, il a un impact plus important sur certains. Les jeunes enfants, les Canadiens âgés et les personnes ayant déjà des problèmes de santé sont plus sensibles aux vagues de chaleur et à la fumée des feux de forêt. Les peuples autochtones des collectivités nordiques peuvent connaître une plus grande insécurité alimentaire, car la fonte du pergélisol et les changements dans les populations végétales et animales perturbent leur accès aux sources alimentaires traditionnelles. En outre, les personnes à faible revenu n’ont pas nécessairement les ressources voulues pour se protéger ou se remettre de phénomènes météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur ou les inondations.

Appel à investir avec audace dans les rénovations de bâtiments

Les spécialistes de l’énergie recommandent de vastes rénovations énergétiques des bâtiments pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience climatique. Torrie, Bak et Heaps, entre autres, estiment qu’un grand programme de prêts et de subventions dans lequel le gouvernement fédéral investirait 21 milliards de dollars sur 10 ans pourrait créer trois millions de personnes-années de travail et établir des marchés locaux pour les matériaux et les technologies écologiques. Un tel programme pourrait aussi économiser aux propriétaires de maisons quelque 12,5 milliards de dollars par année en coûts énergétiques résidentiels tout en réduisant les émissions annuelles de gaz à effet de serre d’environ 58 millions de tonnes (Mt) d’ici 2030.

Les rénovations de bâtiments peuvent réduire les impacts de la chaleur sur la santé

Entre 1948 et 2016, la température moyenne annuelle au Canada a augmenté de 1,7 °C, la plus forte hausse ayant été enregistrée dans le Nord (2,3 °C). Ce changement de la température réduira probablement le nombre de décès liés au temps froid au Canada, mais il fera aussi augmenter le nombre de décès prématurés liés à la chaleur.

Le temps chaud sollicite beaucoup la capacité de l’organisme de contrôler sa température interne, un stress physique qui peut aggraver les états chroniques. Les températures extrêmes peuvent mener à l’épuisement dû à la chaleur, provoquer des coups de chaleur, faire augmenter les visites aux urgences et les hospitalisations et même causer la mort, surtout chez les personnes âgées. Il est estimé qu’en 2018, plus de 2 700 personnes de plus de 65 ans au Canada sont mortes prématurément en raison d’une exposition à la chaleur. Les rénovations de bâtiments, comme l’isolation thermique améliorée et l’installation de pompes à chaleur, peuvent rafraîchir les maisons et réduire les effets défavorables des températures élevées sur la santé.

Les rénovations de bâtiments peuvent améliorer les environnements intérieurs et la santé

La chaleur extrême, le froid, les moisissures et l’humidité dans les environnements intérieurs sont associés à des augmentations des maladies cardiovasculaires, des AVC, de l’asthme et d’autres maladies respiratoires, ainsi qu’à des décès prématurés. Selon plusieurs études, les interventions qui améliorent le confort et la qualité des environnements intérieurs peuvent aussi améliorer la santé globale, la santé respiratoire et la santé mentale, en particulier pour les personnes ayant des troubles respiratoires préexistants.

Les rénovations de bâtiments (une meilleure isolation thermique, des fenêtres écoénergétiques, des systèmes de chauffage et de refroidissement modernes, une meilleure ventilation) peuvent améliorer la santé en gardant les occupants plus au chaud l’hiver, en les rafraîchissant l’été et en améliorant la qualité de l’air à l’intérieur. La consommation de combustibles fossiles peut être réduite, et les environnements intérieurs des gens améliorés, par l’utilisation de pompes à chaleur et d’énergies renouvelables, ainsi que par des produits écoénergétiques et d’isolation thermique.

Les rénovations de bâtiments peuvent réduire la pollution atmosphérique

La pollution de l’air extérieur demeure une importante source de maladies au Canada. Elle est responsable chaque année d’environ 14 600 décès prématurés de personnes atteintes de maladies du cœur, d’AVC, de cancer du poumon et de maladie pulmonaire obstructive chronique.

Selon Torrie, Bak et Heaps, spécialistes de l’énergie, un vaste programme de rénovations pourrait réduire dans une proportion de 45 % les émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre des bâtiments d’ici 2030. Les améliorations de la qualité de l’air qui en résulteraient présenteraient des avantages considérables pour la santé, et elles feraient diminuer les coûts des soins de santé et le nombre de décès prématurés.

Les rénovations de bâtiments peuvent renforcer la résilience climatique

Les rénovations de bâtiments peuvent aussi inclure toute modernisation qui vise à mieux protéger les gens contre les phénomènes météorologiques exceptionnels. Dans les zones vulnérables aux inondations, des soupapes antiretour peuvent être installées dans les drains de sous-sols pour empêcher le refoulement des égouts. Cela peut empêcher les sous-sols d’être inondés, et donc potentiellement exposés aux moisissures pouvant aggraver l’asthme et d’autres troubles respiratoires. Le cas échéant, des matériaux de toiture résistant au feu peuvent être utilisés pour protéger les personnes et les biens contre les feux de forêt.

De telles mesures renforcent la résilience climatique; elles limitent les dommages associés au changement climatique et favorisent le rétablissement après les catastrophes. Les rénovations qui renforcent la résilience climatique peuvent contribuer à éviter les impacts sur la santé, les coûts, les perturbations et le stress mental pouvant résulter des dommages matériels.

Les rénovations de bâtiments peuvent réduire les inégalités en santé

Les populations à faible revenu, les nouveaux arrivants, les minorités raciales, les peuples autochtones et les personnes ayant des troubles de santé chroniques peuvent éprouver des taux de maladies et de décès prématurés plus élevés en raison de facteurs de défavorisation sociale. Elles sont donc plus vulnérables aux risques des impacts liés au climat, comme la chaleur extrême et la fumée des feux de forêt. Ces groupes n’ont pas non plus nécessairement les ressources voulues pour se protéger ou se remettre de phénomènes météorologiques extrêmes comme les feux de forêt et les inondations.

Les rénovations de bâtiments peuvent réduire les effets défavorables sur la santé et les heures de travail perdues en raison de maladies ou de rendez-vous médicaux en rendant les environnements intérieurs plus salubres. En diminuant la consommation d’énergie, les rénovations peuvent réduire les factures énergétiques, ce qui laisse plus d’argent à dépenser pour des aliments sains, des vêtements et d’autres nécessités.

Il est possible de réduire les inégalités en santé en accordant en priorité les fonds de rénovation aux ménages à faible revenu et aux logements sociaux et en s’assurant que les subventions sont suffisantes pour apporter les rénovations nécessaires.

En outre, des programmes de formation en rénovation de bâtiments qui ciblent stratégiquement les membres des populations défavorisées peuvent contribuer à réduire les inégalités en santé dans les collectivités de tout le pays.

Rénover les bâtiments pour une reprise saine, verte et équitable

Le gouvernement fédéral a annoncé en décembre 2020 la révision du plan climatique du Canada. Le plan comporte une série d’initiatives pour améliorer l’efficacité énergétique des maisons et des bâtiments, dont :

  • un programme de petites subventions (jusqu’à 5 000 $) pour les rénovations domiciliaires;
  • des évaluations ÉnerGuide gratuites pour les maisons;
  • le recrutement et la formation d’auditeurs énergétiques résidentiels;
  • des ressources pour les mises à niveau des bâtiments communautaires, commerciaux et municipaux;
  • des plans pour un futur programme de prêts à faible coût;
  • l’engagement de travailler sur d’autres plans avec les communautés autochtones, les provinces, les territoires et l’industrie pour développer les programmes de formation professionnelle, promouvoir l’innovation dans les nouvelles technologies d’efficacité énergétique et mettre à niveau les codes du bâtiment nationaux pour établir de nouvelles normes d’efficacité pour les bâtiments neufs et rénovés.

Le nouveau programme fédéral propose des dépenses de 6,1 milliards de dollars sur 10 ans en plus des engagements déjà annoncés de l’ordre de 5,6 milliards de dollars. Le plan définit des jalons importants pour améliorer la résilience climatique et promet des progrès en vue de la réalisation des objectifs du Canada à l’égard du changement climatique. Bien qu’impressionnants, ces investissements sont inférieurs à ce que recommandent Torrie, Bak et Heaps, qui proposent des engagements financiers de 20,7 milliards de dollars sur la même période. Pour maximiser l’adoption et les avantages du programme fédéral, celui-ci devrait offrir des subventions supérieures au plafond proposé de 5 000 $, et il devrait accorder les subventions en priorité aux ménages à faible revenu et aux logements sociaux.

Prenez la parole pour réclamer de plus grands investissements dans les rénovations de bâtiments afin de créer des collectivités saines, vertes et équitables.

Pour en savoir plus, consultez notre document d’information sur les rénovations de bâtiments.
 

Date de modification : 15 mars 2021