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Canadian Public Health Association

Selon le « Compte à rebours » du Lancet, il est temps de réduire davantage les émissions, sinon des vies humaines et la survie des systèmes de santé seront menacées

Lieu

Ottawa (Ontario)


Selon un rapport publié aujourd’hui par le groupe « Compte à rebours santé et changement climatique » du Lancet, la lenteur avec laquelle le Canada réduit ses émissions de gaz à effet de serre a des répercussions considérables sur la santé physique et mentale des Canadiens. Le rapport, intitulé Compte à rebours du Lancet sur la politique générale : Canada en 2018 (en anglais), appuyé par l’Association canadienne de santé publique (ACSP) et l’Association médicale canadienne (AMC), recommande sept politiques fondées sur des données probantes que pourraient adopter les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour atténuer dès aujourd’hui les répercussions des changements climatiques sur la santé des Canadiens.

« L’insécurité alimentaire, le trouble de stress post-traumatique, le déplacement des populations, les traumatismes, les conséquences cardiorespiratoires et même les décès causés par les feux de forêt, les inondations, les tempêtes, les vagues de chaleur et la mauvaise qualité de l’air font partie des préoccupations de santé soulevées rien qu’au cours des derniers mois au Canada », dit la Dre Courtney Howard, auteure principale du rapport. « Nous subissons déjà les contrecoups de l’absence de progrès de la part de nos gouvernements, ce qui menacera de plus en plus l’infrastructure de santé publique. »

Le rapport a été publié en parallèle avec le Rapport 2018 du « Compte à rebours santé et changement climatique » (en anglais) du Lancet, paru aujourd’hui dans The Lancet. Il présente des données propres au Canada, recueillies pour la publication mondiale, et formule les recommandations suivantes, qui portent sur la façon dont le Canada peut répondre positivement aux changements climatiques :

  1. Assurer la coordination des ministères, des administrations locales et des établissements nationaux pour :
    • améliorer le suivi des maladies et des décès liés à la chaleur;
    • mieux renseigner le public sur les dangers que posent les vagues de chaleur pour la santé;
    • amener les cliniciens et les autorités de santé publique à élaborer des interventions qui atténuent dès aujourd’hui les conséquences de la chaleur sur la santé et préparent le système à l’aggravation de ces problèmes à mesure de la progression des changements climatiques.
  2. Intégrer rapidement des notions sur les changements climatiques et la santé aux programmes d’études des facultés de médecine et de sciences de la santé du Canada.
  3. Hausser les cibles canadiennes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique, et mettre l’accent sur des politiques de transition équitable visant à soutenir les travailleurs du domaine des combustibles fossiles pendant la transition vers une économie fondée sur un autre type d’énergie.
  4. Éliminer graduellement la production d’énergie dans des centrales au charbon traditionnelles au Canada, en en remplaçant au moins les deux tiers par des sources d’énergie renouvelable, et le reste par des sources d’énergie provenant des meilleures centrales électriques au gaz dotées de systèmes réduisant au minimum les émissions fugitives de méthane.
  5. Utiliser les outils de tarification du carbone le plus rapidement et le plus largement possible, en augmentant progressivement les cibles de façon prévisible, et prendre des décisions relatives aux politiques en tenant compte des économies réalisées en santé et en soins de santé grâce à la tarification du carbone.
  6. Veiller à ce que les communications externes des organismes de santé soient uniformes et proactives et mettent en évidence les liens entre les changements climatiques et leurs répercussions sur la santé, au fur et à mesure que surviennent des événements qui, selon les études, se produisent de plus en plus souvent en raison des changements climatiques (vagues de chaleur, propagation de maladies transmises par les tiques, feux de forêt, phénomènes météorologiques extrêmes, etc.).
  7. Financer davantage d’études sur les répercussions des changements climatiques sur la santé mentale et les occasions d’adaptation psychosociales.

Bref aperçu

  • La moyenne globale des changements de température ressentis par les Canadiens durant l’été (moyenne pondérée en fonction de la population) entre 2000 et 2017 était supérieure de 0,2 degré (0,176 degré) à celle des changements ressentis entre 1986 et 2008.
  • Au cours des 50 dernières années, les températures observées à Inuvik (Territoires du Nord-Ouest) ont augmenté de 3 °C, ce qui accroît les risques pour la santé posés par l’insécurité alimentaire découlant de l’accès réduit aux aliments traditionnels, la moins grande sûreté des déplacements sur la glace et les effets des changements du paysage sur la santé mentale.
  • Le Canada ne fait pas sa part pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2016, les émissions canadiennes étaient de 704 mégatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (Mt d’éq. CO2), soit une augmentation par rapport à 1990, où elles étaient de 100 Mt d’éq. CO2. En comparaison, le Royaume-Uni a réduit ses émissions de 40 % durant la même période, et la Chine est en voie d’atteindre ses objectifs plus tôt que prévu.
  • En 2015, au Canada, la pollution atmosphérique par les matières particulaires (PM2,5) a été à l’origine de 7 142 décès, dont 345 associés aux centrales au charbon, 105 aux industries liées au charbon et 1 063 aux émissions des véhicules de transport terrestre.
  • Le récent rapport 1.5 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a montré que même une petite augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre donnerait lieu à une augmentation considérable de la morbidité et de la mortalité attribuables à des maladies associées à la chaleur.
  • La tarification du carbone, comme la taxation des produits du tabac, est essentielle à l’introduction de changements comportementaux sains. En 2015, la Commission du Lancet sur les changements climatiques et la santé a affirmé que « la stratégie la plus puissante pour protéger les humains contre les effets des changements climatiques serait pour les gouvernements de mettre en place des mesures de tarification du carbone solides et durables, et de renforcer ces mesures au fil du temps, jusqu’à ce que le problème soit maîtrisé ».
  • Un sondage mené en 2015 par les associations de la Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada, auquel ont répondu 12 des 14 écoles sondées, a montré que les changements climatiques et la santé ne faisaient pas partie des sujets abordés par les programmes d’études. Quelques écoles ont ajouté des cours sur le sujet depuis.
  • Une revue d’études portant sur la taxe sur les émissions de carbone en Colombie-Britannique a révélé que les émissions de gaz à effet de serre de cette province étaient de 5 % à 15 % moins importantes que si la taxe n’avait pas été imposée, et a montré que les effets de la taxe sur la performance économique globale étaient négligeables.
  • En 2017, un sondage commandé par Santé Canada a mis en évidence un degré d’inquiétude élevé : 79 % des Canadiens étaient convaincus que les changements climatiques étaient réels. Parmi ceux-ci, 53 % disaient que ces changements posaient déjà des risques pour la santé, et 40 % disaient qu’ils poseraient des risques plus tard.

À propos du Compte à rebours du Lancet
Le Compte à rebours du Lancet est une collaboration de recherche internationale qui donne un aperçu du lien entre la santé publique et les changements climatiques. Cette initiative, dont les résultats sont publiés dans la revue médicale The Lancet, vise à guider une réponse rapide aux changements climatiques. Jusqu’en 2030, ce partenariat multidisciplinaire réunissant 24 établissements universitaires de tous les continents publiera chaque année des rapports fondés sur des données probantes présentant l’évolution d’une gamme d’indicateurs sur les effets des changements climatiques sur la santé, la planification d’adaptations et la résilience pour la santé, les mesures d’atténuation et les bienfaits pour la santé, l’économie et la finance, ainsi que la mobilisation publique et politique.

À propos de l’Association médicale canadienne
Créée à Québec en 1867, l’Association médicale canadienne (AMC) rassemble les médecins autour de questions nationales liées à la santé et à la médecine. La noble tradition de représentation de l’AMC a mené à certains des plus importants changements dans les politiques de santé au Canada. Pour les années à venir, l’AMC concentrera ses efforts sur la promotion de la santé de la population et du dynamisme de la profession médicale.


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