Sondage auprès des dispensateurs de services sociaux et de santé
Les effectifs de la santé sont-ils prêts pour la légalisation?
En avril 2017, le gouvernement du Canada a déposé un projet de loi pour légaliser et réglementer le cannabis. En prévision du tournant décisif dans l’histoire du Canada que sera le passage de la prohibition et de la criminalisation à la légalisation et à la réglementation, il faut faire en sorte que les dispensateurs de services sociaux et de santé soient prêts à répondre aux besoins des personnes qui consomment du cannabis et d’autres substances. En complément des consultations communautaires effectuées durant le projet intitulé « Une démarche de santé publique à l’égard du cannabis (et d’autres substances) : prévention, promotion de la santé, surveillance et renforcement des capacités », l’ACSP a mené un sondage en ligne pour explorer les connaissances et les perceptions des effectifs de la santé au sujet de la consommation de cannabis. Ce sondage à choix multiples, mis en ligne entre le 15 janvier et le 30 mars 2018, a donné lieu à 505 réponses. Les répondants travaillaient dans différents secteurs, dont la santé publique, les soins de santé et les services sociaux, et le sondage a été diffusé par les comptes de médias sociaux de l’ACSP.
Le principal objectif du sondage était d’avoir une idée des attitudes et de l’état de préparation des dispensateurs et des professionnels en lien avec la légalisation du cannabis. À cet égard, un grand nombre des résultats tirés des données recueillies durant les consultations communautaires de l’ACSP ont été confirmés par le sondage. À la question sur les répercussions de la légalisation du cannabis, 54,9 % des répondants ont indiqué qu’elle aurait des effets sociaux positifs pour les Canadiens, tandis que 35,5 % seulement ont répondu qu’elle aurait un effet positif sur la santé des Canadiens. Cela pourrait indiquer que beaucoup perçoivent les avantages d’éliminer la criminalisation, mais que les méfaits pour la santé découlant de la consommation doivent être considérés séparément. En réponse à une autre question, le développement du cerveau des jeunes, l’intoxication au volant et la sécurité au travail ont été cités comme les premières priorités à aborder dans le contexte d’une démarche de santé publique.
L’un des principes centraux du projet de l’ACSP consiste à faire la lumière sur les obstacles à surmonter par les dispensateurs qui veulent parler du cannabis avec leurs usagers. À la question de savoir s’ils avaient accès à de la sensibilisation et de la formation sous forme de perfectionnement professionnel sur plusieurs sujets liés au cannabis, 65,8 % des répondants ont indiqué ne pas être au courant ou ne pas avoir accès à la sensibilisation ou à la formation sur le cannabis et les blessures non intentionnelles (p. ex. dues à l’intoxication au volant), et 51,8 % ont dit ne pas avoir accès à la sensibilisation ou à la formation sur la réduction des méfaits et la réduction des risques liés au cannabis. De nombreux dispensateurs de services sociaux et de santé n’ont donc pas toutes les ressources qu’il leur faudrait pour bien informer leurs usagers des avantages et des risques de la consommation de cannabis et auraient besoin de formations et d’outils plus accessibles. De fait, près des trois quarts (72,1 %) des répondants qui ont dit se sentir à l’aise de parler de la consommation de cannabis avec leurs patients ou usagers estimaient avoir une bonne connaissance des données scientifiques sur les effets néfastes de cette consommation, tandis que seulement 37,5 % des répondants qui ont dit ne pas se sentir à l’aise estimaient connaître la question. Pour faciliter les conversations entre les dispensateurs de services sociaux et de santé et leurs usagers au sujet du cannabis, il est d’une importance capitale d’accroître la disponibilité d’outils et de ressources pédagogiques fondés sur les données probantes.
Pour une analyse plus approfondie, on peut consulter la version intégrale du rapport.