Les nouvelles lignes directrices de réduction des risques liés à la consommation du cannabis au Canada
Une nouvelle étude menée par une équipe internationale d'experts recommande une approche de santé publique à l'usage du cannabis incluant des lignes directrices basées sur des faits probants afin de réduire les risques de santé et les torts causés par les maladies associées à l'utilisation du cannabis. Le docteur Benedikt Fischer, un chercheur du Centre de toxicomanie et de santé mentale, Chaire en santé publique appliquée de l'Institut canadien de recherche en santé/Agence de santé publique du Canada (Université Simon Fraser à Vancouver), a dirigé l'étude qui est publiée dans l'édition de septembre/octobre 2011 de la Revue canadienne de santé publique.
Plus de un adulte canadien sur dix et d'un jeune adultes âgés de 16 à 25 ans sur trois déclarent avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année. Malgré la prévalence et les risques associés avec l'usage du cannabis, l'étude souligne que le Canada n'a pas encore adopté une approche de santé publique afin d'aborder les effets nuisibles sur la santé et les facteurs qui semblent modifier les risques des autres méfaits au niveau populationnelle.
L'objectif de l'étude était de développer « des lignes directrices de réduction des risques liés à l'utilisation du cannabis » basées sur des données de recherche probantes. L'étude documente quelques unes des pratiques et comportements dommageables incluant :
- L'utilisation du cannabis à un jeune âge - Des études longitudinales suggèrent que l'utilisation du cannabis à un jeune âge peut être associée avec un nombre de problèmes incluant la dépendance et les maladies mentales. Alors que la plupart des utilisateurs ne vont pas progresser vers d'autres substances illicites, ceux qui ont consommé du cannabis à un jeune âge sont plus apte à faire la transition vers d'autres substances.
- Utilisation fréquente - L'utilisation fréquente du cannabis, habituellement défini comme une utilisation quotidienne ou presque quotidienne, est liée à des problèmes de santé variés, incluant une perte de performance au niveau cognitif et de la mémoire, ou le risque de dépendance.
- Utilisation du cannabis avant de conduire - Les données récentes suggèrent qu'approximativement cinq pourcent des conducteurs adultes canadiens déclarent avoir conduit après avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année. Il est recommandé de ne pas conduire pour une période trois à quatre heures suite à la consommation de cannabis.
- L'utilisation du cannabis pendant la grossesse - Quoique les conséquences possibles de l'utilisation du cannabis durant la grosses n'aient pas été différenciées de manière fiable de l'impact potentiellement confondant de la consommation d'alcool et de tabac, il y a suffisamment de données scientifiques pour recommander l'abstinence de la consommation de cannabis pendant la grossesse.
L'abstinence est l'option recommandée afin d'éviter tous les risques associés avec l'usage du cannabis. Cependant, le fait est qu'une proportion significative de Canadiens et particulièrement de jeunes adultes, consomment du cannabis. Les lignes directrices présentent huit recommandations avec de l'information factuelle sur les façons de réduire les risques de problèmes et de développer des outils de dépistages pour les professionnels de la santé pour aider à réduire les risques.
La prochaine étape consiste pour les autorités de santé publique, d'éducation et pour l'ensemble de la communauté à entamer la discussion sur la meilleure façon de communiquer l'information contenue dans les lignes directrices aux principaux groupes cibles dans le cadre d'une approche globale de santé publique.
L'appui de l'ACSP aux lignes directrices est congruente avec les résolutions précédemment approuvées lors des Assemblés Générales Annuelles de l'ACSP en 2004 et en 2007 (2004 Résolution de l'ACSP n° 3 Drogues psycho-actives - Une approche de santé publique; 2007 Résolution de l'ACSP n° 2 Règlementation des substances psycho-actives au Canada) qui demandaient :
- une approche globale pour aborder les problèmes de consommation de substances psycho-actives en s'appuyant sur une évaluation précise des avantages et des risques et l'intégration équilibrée des quatre piliers d'interventions soient la prévention, la réduction des méfaits, le traitement et l'application de la loi. Cette approche doit également inclure des investissements adéquats dans la promotion de la santé, l'éducation, la protection de la santé, la réduction de la discrimination, la réhabilitation, la recherche et la surveillance des tendances et
- qu'une approche de santé publique aux problèmes de toxicomanie soit au centre du développement et de la mise en oeuvre d'un cadre national proposé pour l'action sur la consommation et la dépendance aux substances psycho-actives au Canada.
Pour plus de détails, s'il vous plaît contactez l'ACSP.