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Canadian Public Health Association

Le budget 2008

Le budget 2008 obtient-il la note de passage en ce qui concerne la santé du public?

À la fin de février, le gouvernement conservateur a déposé son Plan budgétaire de 2008 : Un leadership responsable. Ce budget aura peu de conséquences immédiates, négatives ou positives, sur la santé des Canadiens. Cela dit, plusieurs éléments devraient améliorer quelques-unes des « fonctions indispensables du régime de santé publique » du Canada, et l'instauration de certains services et mécanismes pourrait contribuer à une amélioration, à terme, de la santé des Canadiens.

Voici les faits saillants du budget en matière de santé publique :

  • Investir dans l'avenir : On accorde un financement accru à la recherche et à l'enseignement en santé en établissant de nouvelles Chaires de recherche d'excellence mondiale du Canada, en créant les prix internationaux Canada-Gairdner, en ajoutant 34 millions de dollars par année au budget des IRSC et en haussant le financement des bourses aux étudiants de niveau post
  • secondaire;
  • Aider les personnes vulnérables : On consent de nouveaux fonds à la Commission de la santé mentale du Canada pour soutenir, dans cinq villes canadiennes, des projets novateurs quidé boucheront sur des pratiques exemplaires pour aider les Canadiens aux prises avec des problèmes de santé mentale et d'itinérance. Ce geste est le bienvenu, et il souligne l'importance que l'on accorde à la santé mentale en tant que priorité nationale sur le plan de la santé publique;
  • Renforcer les partenariats avec les Canadiens autochtones : On dépensera davantage pour améliorer l'instruction, les programmes de santé, les services de prévention destinés aux enfants et aux familles dans les réserves, et les réseaux d'alimentation en eau et d'évacuation des eaux usées dans les communautés inuites et des Premières nations;
  • Protéger la santé et la sécurité des Canadiens : On veut moderniser et renforcer les systèmes canadiens visant à assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation (y compris les produits de santé naturels), accroître la sécurité des laboratoires et mieux renseigner les Canadiens sur les liens entre les contaminants de l'environnement et les maladies. L'une des plus importantes initiatives de santé publique de ce budget est sans doute la volonté de réduire la disponibilité des produits du tabac de contrebande par de nouvelles mesures d'observation et d'application de la législation fiscale.

Le gouvernement mérite aussi des félicitations pour avoir fait en sorte que la valeur des paiements de transfert en santé aux provinces et aux territoires augmente à un taux supérieur à la croissance générale de l'économie. L'ACSP espère que le taux d'augmentation annuel de 6 % annoncé dans le budget de l'an dernier sera maintenu.

Le budget 2008 comporte néanmoins de grandes lacunes. Malgré une recommandation expresse formulée dans le Rapport Naylor en 2003, on omet encore une fois d'affecter des sommes à l'amélioration globale des infrastructures de santé publique du Canada. C'est particulièrement décevant vu l'importance accordée par l'Agence de la santé publique du Canada (dans le Plan stratégique : Information. Savoir. Action) et par Industrie Canada (dans le rapport Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada) au développement des infrastructures et des ressources humaines en santé publique pour renforcer les capacités du Canada, au pays et à l'étranger.

Un réseau de santé publique pancanadien efficace et fonctionnel exige des investissements substantiels et soutenus. Un leadership et une intendance habiles sont nécessaires, ainsi que des professionnels de la santé publique, des praticiens et des travailleurs assimilés qualifiés et dotés de ressources suffisantes, une base de ressources humaines efficaces et en croissance, des capacités fiables en surveillance de la santé publique et en analyse de données, et les moyens de transformer les données en politiques publiques, en programmes et en services pertinents et opportuns, le tout s'appuyant sur des infrastructures adéquates. Le manque d' « argent frais » affecté à la santé publique est très préoccupant.

Les allègements fiscaux annoncés dans le budget 2008 n'auront pas d'effet appréciable sur la sécurité du revenu des Canadiens les moins nantis, et pourtant la sécurité du revenu est l'un des principaux déterminants de la santé. Le budget ne prévoit pas non plus de nouveaux fonds pour améliorer la situation des personnes vivant dans des logements insalubres, un autre important déterminant de la santé. Et on omet d'investir dans le déploiement de programmes de prévention des maladies et de promotion de la santé dont l'efficacité a pourtant été prouvée pour les populations à risque élevé. Avant d'investir des sommes considérables dans les technologies et les stratégies de captage et de stockage du carbone, le gouvernement devrait s'assurer que ces innovations n'auront pas d'effets nuisibles sur la santé.

En fin de compte, ce n'est pas un « mauvais » budget... mais ce n'est pas non plus un « excellent » budget pour la santé publique.