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Canadian Public Health Association

La Santé publique et l’Urbanisme collaborent pour créer des quartiers du quart d’heure à Ottawa

PROJET

Ottawa est l’une des premières collectivités au Canada à inscrire le concept du « quartier du quart d’heure » dans son Plan officiel (PO).

CONTEXTE

Située à la frontière est de l’Ontario, Ottawa, la capitale du Canada, compte plus d’un million de résidents. Elle est la quatrième ville en importance au pays et la deuxième en Ontario. Les résidents nés à l’extérieur du pays représentent près de 18 % de la population d’Ottawa et proviennent de toutes les régions du monde.

L’économie d’Ottawa repose en grande partie sur le secteur de la technologie et sur le gouvernement fédéral, mais bénéficie également d’un secteur rural dynamique qui contribue à plus de 1 milliard de dollars au PIB. Le secteur agricole d’Ottawa représente près de 300 000 acres de terre cultivés par plus de 1 300 exploitations agricoles employant environ 10 000 personnes.

Santé publique Ottawa (SPO), qui est responsable de la santé communautaire à Ottawa, fait partie de la ville d’Ottawa et dispose d’un conseil de santé semi-autonome.

PROCESSUS

SPO a affecté deux de ses employés au service de la planification, de l’immobilier et du développement économique d’Ottawa pendant trois ans dans le but d’implanter le nouveau PO de la ville dans un cadre permettant de créer des collectivités saines, inclusives et résilientes.

« Nous utilisions ce que nous appelions les “cinq C – compact, connecté, convivial, complet et cool” pour décrire notre vision des quartiers que nous souhaitions créer, mais nous avons eu du mal à présenter cette vision au public et à nos collègues urbanistes de manière à intégrer toutes ces caractéristiques par le biais de leviers d’urbanisme, a expliqué Inge Roosendaal, planificatrice principale à SPO. Comme nous voulions un cadre cohérent qui reflète le concept des cinq C, nous avons lancé l’idée des “quartiers du quart d’heure” qui a été favorablement accueillie par nos intervenants et collectivités. »

 

L’un des employés de SPO était un planificateur professionnel certifié titulaire d’une maîtrise en urbanisme et possédant de l’expérience en santé publique; il comprenait le processus de l’aménagement du territoire et la santé des populations. L’autre était titulaire d’une maîtrise en géographie avec une spécialisation en sciences de l’environnement et possédait une expérience professionnelle en risques pour la santé, en politique environnementale, en changements climatiques et en urbanisme.

« Le fait que le personnel de la santé publique ait été affecté au service de la planification pendant toute la durée du processus du PO a été déterminant pour l’atteinte de nos objectifs, a souligné Inge. Par le passé, nous étions simplement consultés. Cette fois, nous avons pleinement participé à chacune des étapes du processus. »

 

« Cela nous a donné le temps de recueillir des données probantes pertinentes sur la santé et de préparer l’un des documents de référence qui a servi à l’élaboration du PO, a ajouté Inge. Mais surtout, cela nous a permis d’échanger avec des collègues d’autres services et de participer à des réunions avec des consultants, le public et des développeurs à chaque étape du processus. »

Les deux employés de SPO ont bénéficié du soutien de cadres supérieurs de la santé publique, y compris du médecin hygiéniste (MH), de même que du soutien du directeur général (DG) du Service de la planification, de l’immobilier et du développement économique. Le DG a déclaré que son objectif était d’avoir un nouveau PO ambitieux qui donne également de bons résultats en matière de santé.

 

« Nous avons consulté d’autres membres du personnel de la santé publique, y compris des cadres supérieurs, mais en fin de compte, c’est nous qui étions là et qui devions faire face à un large éventail de questions complexes et interdépendantes, a dit Inge. Nos cadres supérieurs ont compris que le processus ne pourrait pas fonctionner si nous n’étions pas habilités à prendre des décisions avec le personnel d’autres services. »

Le concept du quartier du quart d’heure a été présenté dans un rapport d’orientation politique de haut niveau intitulé Les 5 grands changements qui a été approuvé par le Conseil municipal d’Ottawa en septembre 2019 et qui est devenu le cadre autour duquel le PO a été élaboré.

« Nous avons consulté le public au sujet du concept du quartier du quart d’heure pendant la pandémie, alors les résidents ressentaient vraiment l’impact de leur quartier sur leur vie quotidienne, a dit Inge. Cela a aidé les gens à comprendre à quel point l’aménagement des quartiers influe sur leur bien-être physique et mental en favorisant les déplacements à pied ou en vélo, l’accès aux services essentiels, l’établissement de liens avec les autres à l’extérieur, l’allégement de la chaleur extrême ou le délassement dans les parcs et les espaces verts. »

RÉSULTATS

Approuvé par le Conseil municipal d’Ottawa en novembre 2021, le nouveau PO guidera l’aménagement de la ville jusqu’en 2046. La vision de la ville – devenir la ville de taille moyenne la plus agréable où vivre en Amérique du Nord au cours du prochain siècle – est appuyée par cinq grandes politiques :

  • favoriser la croissance par la densification des quartiers existants plutôt que l’aménagement des terrains vierges;
  • s’assurer que la majorité des déplacements en 2046 se feront par modes de transport durables comme la marche, le vélo, le transport en commun ou le covoiturage;
  • appliquer des principes sophistiqués de design urbain et communautaire pour créer des quartiers et des villages urbains plus forts, plus inclusifs et plus dynamiques qui reflètent et intègrent la diversité économique, raciale, et des genres d’Ottawa;
  • incorporer dans le cadre des politiques d’aménagement, l’énergie et la résilience environnementale, climatique et sanitaire afin de soutenir des « quartiers du quart d’heure », piétonniers, dotés d’un mélange diversifié d’aménagement, d’arbres matures, d’espaces verts et de sentiers, qui aideront la ville à atteindre son engagement en matière de climat net zéro prévu pour 2050, sa cible de 40 % du couvert forestier urbain et à accroître la résilience de la ville face aux effets des changements climatiques;
  • intégrer le développement économique dans le cadre des politiques de planification.

Le PO comprend six orientations stratégiques transversales qui sont mises de l’avant par des politiques de mise en œuvre dans plusieurs sections du PO. Trois de ces orientations stratégiques portent sur des communautés saines et inclusives, les changements climatiques et l’énergie et l’égalité des genres et l’équité raciale.

Le PO formule des « recommandations » stratégiques précises pour ces politiques transversales de sorte que les objectifs stratégiques soient mis en œuvre par le biais de multiples aspects et leviers de planification. Puisque le PO établit le cadre stratégique global pour la croissance d’Ottawa, ces recommandations seront soutenues par d’autres politiques et plans qui ont été élaborés par la ville, ou qui le seront prochainement. Par exemple, en septembre 2021, la ville a publié Les quartiers du quart d’heure, un rapport de référence qui analyse les quartiers existants à l’aide de critères et d’une méthodologie nouvellement élaborés pour évaluer les quartiers du quart d’heure et qui définit les prochaines étapes de la mise en œuvre des objectifs politiques inscrits dans le PO.

Ottawa décrit les quartiers du quart d’heure comme « des endroits compacts et bien connectés intégrant un mélange diversifié d’aménagements, notamment divers types de logements, des commerces, des services, l’accès à la nourriture, des écoles et des garderies, de l’emploi, des espaces verts, des parcs et des sentiers. Ce sont des collectivités complètes qui favorisent le transport actif et le transport en commun, réduisent la dépendance à la voiture et permettent aux gens d’adopter un mode de vie sans voiture ou peu motorisé. »

« Dans le domaine de la planification, il y a tant de facteurs et de tensions qui doivent être pesés et pris en compte. Nous ne pouvons pas simplement transmettre les données probantes sur la santé et nous en aller; nous devons être présents, comprendre les autres facteurs qui doivent être pris en considération et orienter les discussions afin de trouver un équilibre entre les perspectives en matière de santé et tous les facteurs, besoins et réalités, a souligné Inge. »

LEÇONS RETENUES

Ce projet a permis à SPO de tirer un certain nombre de leçons :

  • La santé publique doit reconnaître les interconnexions entre la santé publique, l’environnement bâti, le changement climatique, la biodiversité et l’équité en santé dans son approche à l’égard de la politique publique, conformément à la Charte du bien-être de Genève de l’Organisation mondiale de la Santé. Le travail d’élaboration des politiques de haut niveau doit s’étendre au-delà des frontières, réduire le cloisonnement au sein des services de santé publique et transcender les programmes, les questions et les disciplines.
  • Le quartier du quart d’heure est essentiel pour traiter des questions de santé publique, de changement climatique et d’équité en santé à l’échelle communautaire.
  • La santé publique peut avoir une incidence considérable sur les déterminants sociaux de la santé (DSS), comme les réseaux de transport, l’environnement bâti et le logement, si elle consacre le temps et les ressources en personnel nécessaires pour s’engager pleinement dans les processus de planification de l’aménagement du territoire et des transports.
  • Il est préférable que le personnel de santé publique qui participe à ces processus dispose d’une formation spécialisée en aménagement du territoire et en urbanisme, en changement climatique, en santé environnementale ou en élaboration de politiques.
  • Les fenêtres politiques peuvent s’ouvrir et se fermer rapidement, et les questions sont souvent très complexes; par conséquent, les cadres supérieurs doivent être prêts à habiliter le personnel à prendre des décisions lors des réunions des groupes de travail et des comités.
  • La santé publique aurait avantage à disposer de responsables des politiques en mesure de travailler à un haut niveau avec d’autres ministères ou administrations pour s’attaquer aux déterminants écologiques de la santé (DES), comme l’environnement bâti, le changement climatique et la qualité de l’air, ainsi qu’aux DSS, qui nuisent à la santé du public.

« Le quartier du quart d’heure est le principal levier pour faire progresser la résilience climatique, la santé publique et l’équité en santé à l’échelle communautaire, a mentionné Inge. Bon nombre des caractéristiques nécessaires à l’amélioration de la santé publique et de l’équité en santé, comme les quartiers piétonniers riches en commodités, les infrastructures cyclables, les services de transport en commun efficaces, un couvert d’arbres bien développés pour faire de l’ombre et les espaces verts, sont les caractéristiques nécessaires à la réduction des gaz à effet de serre et à l’augmentation de la résilience climatique. »

 

Préparé par Kim Perrotta, M.Sc.S., directrice administrative, CHASE

Date de modification : 17 juin 2022