Plus d’alcool, plus de torts : L’ACSP presse la Nouvelle-Écosse de reconsidérer l’expansion de la vente au détail
L’Association canadienne de santé publique (ACSP) tire la sonnette d’alarme face à la proposition du gouvernement de la Nouvelle-Écosse d’élargir la vente d’alcool aux dépanneurs et à d’autres points de vente privés. L’Association prévient que l’augmentation de l’accessibilité à l’alcool aura des conséquences prévisibles — et évitables — sur la santé publique et la viabilité du système de santé.
« Il ne s’agit pas seulement de commodité — il s’agit de conséquences », affirme Ian Culbert, directeur général de l’ACSP. « Les données sont sans équivoque : plus l’alcool est facile à se procurer, plus les gens en consomment, plus les problèmes de santé augmentent, et plus les décès liés à l’alcool s’accumulent. »
L’augmentation de l’accessibilité à l’alcool est systématiquement associée à une consommation accrue, à des taux plus élevés de maladies et de blessures liées à l’alcool, ainsi qu’à une pression croissante sur les services de santé et d’urgence. Les provinces ayant opté pour une libéralisation du commerce de l’alcool ont vu une hausse des hospitalisations, des visites aux urgences et des décès attribuables à l’alcool.
En Nouvelle-Écosse, on dénombre déjà plus de 570 décès liés à l’alcool et plus de 44 000 visites hospitalières et passages à l’urgence attribuables à sa consommation chaque année. Un élargissement de l’accès au détail — notamment dans des points de vente à fort achalandage et peu réglementés — ne ferait qu’aggraver ces préjudices, en particulier chez les jeunes et les personnes en situation de désavantage structurel.
« L’alcool n’est pas une substance inoffensive. C’est un cancérogène reconnu, une cause majeure de maladies du foie et de troubles cardiovasculaires, et un facteur important de troubles mentaux, de blessures et de violences interpersonnelles », souligne M. Culbert. « On n’envisagerait jamais d’élargir l’accès à un autre produit comportant un tel niveau de risque. »
L’ACSP souligne également les données neurologiques de plus en plus nombreuses qui démontrent que la consommation d’alcool — même à des niveaux modérés — peut entraîner des dommages durables au cerveau, un déclin cognitif et un risque accru de démence.
« L’alcool constitue une menace sérieuse pour la santé cérébrale », ajoute M. Culbert. « Il est temps d’arrêter de minimiser ses effets à long terme sur la mémoire, les fonctions mentales et le développement neurologique. »
Bien que le public perçoive souvent la consommation d’alcool comme un choix personnel, ses impacts sociaux sont vastes. L’usage d’alcool pèse lourdement sur les familles, les milieux de travail, les urgences et le système de justice pénale. Selon les données fédérales les plus récentes, une personne sur cinq au Canada qui consomme de l’alcool subit des préjudices liés à cette consommation.
Pour protéger la santé et prévenir les torts évitables, l’ACSP exhorte le gouvernement de la Nouvelle-Écosse à :
- Maintenir des limites strictes sur la densité des points de vente
- Éviter d’élargir la vente d’alcool aux dépanneurs et commerces de proximité
- Augmenter les prix de l’alcool par une taxation ciblée
- Restreindre le marketing et le parrainage liés à l’alcool
- Investir dans la prévention, la réduction des méfaits et les traitements liés à l’alcool
« Les politiques sur l’alcool sont des politiques de santé », conclut M. Culbert. « Si la Nouvelle-Écosse souhaite réduire les coûts en santé, bâtir des collectivités plus sûres et améliorer le bien-être de sa population, la solution n’est pas plus d’alcool — c’est une réglementation plus intelligente. »