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Canadian Public Health Association

Inscrire la santé et l’équité en santé dans les processus de planification à Saskatoon

LE PROJET

La Région de Saskatoon de la Saskatchewan Health Authority (SHA) travaille depuis plusieurs années avec la Ville de Saskatoon à intégrer la santé des populations et l’équité en santé dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports. Une équipe de la SHA a mis au point un cadre d’équité en santé dans des milieux bâtis sains qui pourrait servir à évaluer les effets des propositions de planification sur la santé des populations et sur l’équité en santé, ainsi qu’à orienter son travail dans la région en général.

CONTEXTE

La Saskatchewan est une province des Prairies (centre du Canada) de près de 1,2 million d’habitants. En 2016, ses deux plus grandes villes, Saskatoon et Regina, comptaient environ 245 000 et 214 000 résidents, respectivement.

Jusqu’en 2016, la Saskatchewan avait 13 offices régionaux chargés de la santé publique. En 2017, elle a amorcé un processus de fusion de ces offices nationaux en une seule autorité sanitaire – la Saskatchewan Health Authority – pour toute la province. La SHA est un organisme indépendant du ministère provincial de la Santé. La Région de Saskatoon de la SHA mène depuis longtemps des efforts de pro-motion de la santé des populations et accorde la priorité à la santé des milieux bâtis, ce qui inclut du travail avec les municipalités et une collaboration avec les médecins hygiénistes (MH).

LE PROCESSUS

La Région de Saskatoon de la SHA a créé une équipe d’employés représentant diverses disciplines et lui a demandé d’élaborer un cadre d’équité en santé dans des milieux bâtis sains pour orienter son travail. L’objectif était de créer des milieux bâtis qui atténuent les méfaits, améliorent la santé des po-pulations, réduisent les iniquités en santé et encouragent les choix santé.

« Nous voulions vraiment axer nos ressources vers la création d’environnements favorables à la santé et promouvoir les choix santé » explique Cora Janzen, promotrice en santé des populations à la SHA. « Nous voulions aussi que l’équité en santé soit ancrée dans tous les éléments de notre travail sur les milieux bâtis. »

« Notre cadre définit des objectifs d’équité en santé pour les décisions de planification qui touchent les transports, le logement, la conception des quartiers et les systèmes alimentaires de la ville, ajoute Jan-zen. Malheureusement, jusqu’à maintenant, nos ressources ne nous ont permis d’appliquer en pro-fondeur que les éléments du cadre axés sur les transports et la conception des quartiers. »

Une équipe pluridisciplinaire avait travaillé à l’élaboration du cadre, mais la mise en œuvre du cadre a été exécutée en grande partie par une seule personne.

L’autorité sanitaire a appliqué le cadre au plan de croissance proposé pour la Ville de Saskatoon en 2016. Ce plan de croissance créait la vision et les politiques qui façonneraient le développement de la ville pour les 30 à 40 années suivantes. Le personnel de la Région de Saskatoon de la SHA a travaillé en collaboration avec Think Upstream, un organisme sans but lucratif, pour mener une évaluation de l’impact sur l’équité en matière de santé (EIES) de la proposition.

L’équipe de projet s’est servie de l’EIES élaborée par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, en y apportant quelques adaptations mises au point par l’Institut Wellesley. Une équipe pluridisciplinaire incluant une épidémiologiste, une professionnelle de la santé des popula-tions, une agente d’hygiène du milieu, une MH et deux membres du personnel de Think Upstream a été créée pour mener l’évaluation. Un bref rapport assorti de 17 recommandations a été présenté à la Ville. Parmi les recommandations, il y avait les suivantes :

Croissance du corridor

  • S’assurer que la construction intercalaire due à la croissance du corridor contienne un mélange de types de logements, en insistant délibérément sur les logements abordable, qu’il s’agisse de logements locatifs ou occupés par leurs propriétaires.
  • Réduire les politiques faisant obstacle à la création de logements intercalaires abordables et in-citer les promoteurs immobiliers à offrir des logements sûrs, abordables et de qualité dans les zones de croissance du corridor.
  • Élargir le couvert végétal des quartiers parallèlement avec la croissance du corridor afin d’atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain et d’améliorer la santé mentale et la qualité de l’air.

Transports en commun

  • Axer le changement vers un modèle d’intensité des services dans les quartiers à faible statut socioéconomique, améliorant ainsi leur accès aux transports.
  • Encourager le développement le long des lignes d’autobus express pour améliorer la disponi-bilité des services comme les épiceries, les lieux de rassemblement communautaire et les centres d’emploi.


Transport actif

  • Orienter les investissements initiaux dans les infrastructures de transport actif nouvelles et re-construites vers les quartiers à faible revenu et supprimer les obstacles physiques au transport actif dans ces zones.
  • S’assurer que les infrastructures de transport actif sont bien intégrées avec les transports en commun et faciliter la connectivité entre les quartiers, les zones d’emploi et les services comme les épiceries.

« Le lien que nous avons entretenu entre la santé et la municipalité a accru les possibilités de nous im-pliquer dans l’élaboration des plans et de présenter la perspective de la santé publique, dont le prisme de l’équité en santé, dit Janzen. Nous avons été invitées à participer directement à l’élaboration du plan de transport actif de la ville. Notre MH s’est fait offrir un siège au comité directeur, aux côtés d’administrateurs de plusieurs services de la ville, et on m’a offert un siège au comité consultatif, où le plan a été discuté en détail. »

« Cette participation à deux niveaux a bien fonctionné pour nous, ajoute Janzen. La MH et moi avions l’habitude de nous rencontrer à l’avance pour discuter de nos recommandations, puis la MH exposait nos recommandations et principes de haut niveau au comité directeur, surtout en ce qui a trait à l’équité en santé, tandis que je présentais des commentaires détaillés sur le plan au comité consulta-tif. »

Depuis ce temps, l’autorité sanitaire présente des commentaires, aux réunions ou par écrit, sur plu-sieurs des plans proposés, dont les plans de quartier sectoriels et le plan de transport rapide par auto-bus, entre autres.

« Une fois qu’une politique ou un plan est élaboré, nous vérifions auprès de nos collègues de la Ville s’il y a moyen pour nous d’en favoriser l’approbation, explique Janzen. Parfois, c’est une simple lettre d’appui au conseil ou à l’un de ses comités; d’autres fois, il est justifié de déléguer quelqu’un. Si des données de santé, comme sur les hospitalisations ou les décès dus aux accidents de la route, peuvent appuyer la décision, nous travaillons en collaboration pour les inclure dans les informations à l’appui. »

« Cora est la spécialiste du contenu de ce dossier pour Saskatoon et la région, et moi, j’assiste aux réu-nions du comité ou du conseil pour exprimer notre appui à une politique ou à un plan, sachant que les opinions de mon bureau ont du poids au conseil municipal et chez les personnes du public » indique Dre Jasmine Hasselback, MH pour Saskatoon et les communautés environnantes à la SHA. « Nous demandons souvent à nos collègues des services de l’aménagement et des transports de nous indiquer les politiques particulières qui nécessitent notre appui, car ils connaissent mieux que nous les préoccu-pations de leurs décideurs et du public sur ces questions. »

RÉSULTATS OBTENUS

La SHA a tissé des liens avec des collègues des services de l’aménagement et des transports à la Ville de Saskatoon. Les membres du personnel de la SHA sont maintenant informés des plans de transport et d’aménagement du territoire et invités à y participer à titre d’évaluatrices et d’évaluateurs indé-pendants ou en siégeant à des comités.

Les recommandations formulées par la SHA, surtout celles qui sont liées à l’équité en santé, ont été adoptées dans quelques-uns des plans élaborés. Par exemple, le plan de transport actif de la Ville fait de l’équité en santé un critère de désignation des voies d’autobus.

Le maire et quelques conseillères et conseillers municipaux ont publiquement reconnu le rôle joué par la SHA pour faire intégrer l’équité en santé dans les plans de la Ville.

« Notre travail en santé des milieux bâtis vise à améliorer la santé des populations et à réduire les ini-quités en santé, mais nous considérons que nos objectifs globaux – la création de communautés vertes, propices à la marche et au vélo et favorables aux transports en commun – peuvent réduire les gaz à effet de serre et accroître la résilience de nos communautés » fait remarquer Janzen.

LEÇONS RETENUES

Il est important pour les personnes qui travaillent en santé publique et des populations de tisser des liens avec le personnel municipal chargé des plans et des politiques qui orientent le développement dans la communauté.

Il est important pour le personnel de santé publique d’avoir des connaissances établies sur les associa-tions entre les milieux bâtis et naturels, la santé des populations et l’équité en santé pour pouvoir pré-senter des preuves et des pratiques exemplaires à l’appui des objectifs de santé publique à la table des conseils municipaux.

Les autorités sanitaires doivent être disposées à affecter des ressources en personnel aux processus de planification municipaux qu’elles veulent influencer.

Préparé par Kim Perrotta, M.Sc.S., directrice administrative, CHASE

Date de modification : 8 septembre 2023